Contexte de l'action
En France, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme affectant 61 000 nouveaux cas en 2023. Il représente également la première cause de mortalité par cancer chez la femme, avec près de 12 000 décès par an (1). Pourtant, s’il est détecté tôt, ce cancer est guéri dans 9 cas sur 10. Son dépistage est donc un enjeu majeur de santé publique pour réduire la mortalité et la morbidité liées au cancer du sein et également pour améliorer la qualité de prises en charge des personnes concernées (2).
Dans l’objectif de réduire la mortalité liée au cancer du sein et d’améliorer l’information et la qualité des soins des personnes concernées, un programme national de dépistage organisé de cancer du sein a été déployé depuis 2004. Il repose sur un cahier des charges publié au Journal officiel du 21 décembre 2006, modifié par l'arrêté du 23 mars 2018 définissant et encadrant ses modalités, son suivi et son évaluation, puis par l'arrêté du 16 janvier 2024(3).
En France, trois programmes nationaux de dépistage organisé des cancers sont mis en œuvre : . le dépistage organisé du cancer du sein, le dépistage organisé du cancer colorectal, le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus. L’organisation des programmes de dépistage organisé a été rénovée suite à la parution de l’arrêté du 16 janvier 2024 relatif aux programmes de dépistages organisés des cancers(3) publié au Journal officiel. Le pilotage stratégique des programmes nationaux des dépistages organisés des cancers est sous la responsabilité de la direction générale de la santé (DGS). Elle l’exerce en lien avec la direction de la sécurité sociale, les organismes d’assurance maladie, l’Institut national du cancer (INCa) et Santé publique France (SpF). L’INCa, chargé de coordonner les actions de lutte contre le cancer, fournit l’expertise nécessaire aux programmes de dépistages organisés des cancers en s’appuyant notamment sur les professionnels des centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC).
Malgré le déploiement du programme national de dépistage organisé du cancer du sein, il souffre d’un manque d’adhésion. En effet, pour la période 2021-2022 le taux national de participation au dépistage organisé du cancer du sein est inférieur à 50%, avec un taux de participation de 47,7% (4) et la participation au programme est en diminution depuis 10 ans, pour toutes les tranches d’âge et toutes les régions (4).
Le ministère de la Santé et de la Prévention, dans sa feuille de route 2021-2025(5) pour sa stratégie nationale de lutte contre les cancers 2021-2030, a annoncé sa volonté de dépasser les objectifs de couverture recommandés au niveau européen en matière de dépistage (70% pour le dépistage organisé du cancer du sein) et espère une mobilisation plus forte de l’ensemble des acteurs pour améliorer l’adhésion au dépistage.
Cette volonté renforce la stratégie nationale de santé annoncée en 2017 comportant un volet spécifique sur la santé des femmes, axée notamment sur une prévention accrue des cancers du sein (6).
Parallèlement, les professionnels de santé s’occupant de la prise en charge de la santé des femmes connaissent des modifications de leurs conditions d’exercice. C’est le cas pour les compétences des sages-femmes qui ont été élargies depuis 2009 en renforçant leur rôle en matière de prévention. Les sages-femmes occupent une place essentielle pour sensibiliser et orienter les femmes vers les modalités de dépistage du cancer du sein adaptées à leur situation. En tant que professionnel de santé de proximité, elles entretiennent une relation de confiance avec leurs patientes propice à aborder des sujets sensibles comme le dépistage.
Leur rôle d’acteur, d’informateur et de relais vers les autres professionnels de santé est précieux en jouant un rôle clé dans l’éducation à la santé et en levant les freins liés à la peur, la gêne ou la méconnaissance du dépistage.
Dans ce contexte d’évolution organisationnelle et pour pouvoir jouer pleinement ce rôle, les sages-femmes ont besoin de renforcer leurs connaissances sur l’examen clinique des seins et les indications à la prescription d’une mammographie diagnostique , sur les modalités de dépistage des femmes à risque moyen et à risque élevé de cancer du sein avec un temps de formation consacré au programme français de dépistage organisé du cancer du sein(7).
C’est pourquoi, le CRCDC des Hauts-de-France, dont les missions d’information et de formation des professionnels de santé ont été renforcées dans le cahier des charges relatif à l’organisation régionale des dépistages organisés dans cancers publié le 16 janvier 2024 dans le journal officiel(3), a à cœur de proposer une formation spécifique sur cet enjeu de santé publique aux sages-femmes.
Sources :
(1). Panorama des Cancers – édition 2025 – Institut national contre le cancer
(2). https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/plan-actions-renov-cancer-sein-2.pdf
(3) https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2024/1/16/TSSP2332083A/jo/texte
(4).https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers/cancer-du-sein/articles/taux-de-participation-au-programme-de-depistage-organise-du-cancer-du-sein-2021-2022-et-evolution-depuis-2005
(5).https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/feuille_de_route_-_strategie_decennale_de_lutte_contre_les_cancers.pdf
(6).rapport_ondps_labers_la_sage-femme_le_generaliste_et_le_gynecologue.pdf (sante.gouv.fr)
(7).https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Se-faire-depister/Depistage-du-cancer-du-sein/A-qui-vous-adresser